Ah! Il était temps. Depuis le temps que
je voulais fumer un saumon, enfin, le moment est venu, et quel moment!
Cette fois-ci, j'étais fin prête: j'avais mon bois d'aulne, j'avais mes journées de farniente, et j'avais deux beaux gros filets de saumon sauvage avec la peau.
Je suivis donc la méthode du
sage tout nu, précitée. Laissez-moi vous raconter.
Jour 1
D'abord, la
saumure. Je choisis de prendre la suggestion du sage tout nu, que je modifiai quelque peu. Il arrive que même la traductrice la plus chevronnée fasse des erreurs de conversion... Ma première version fut une véritable catastrophe, et je fus forcée d'aller chercher de la sauce tamari à l'épicerie. Imaginez un peu: au lieu de mettre 1/2 c. à thé de poudre d'ognon, j'avais mis 1/2 tasse! (la recette, en anglais, disait "1/2 t. onion powder", et mon cerveau, pourtant pas encore fumé, a traduit 1/2 t. (pour teaspoon) par 1/2 tasse, vous l'avez compris. Mais bon. Petit tour impromptu à l'épicerie, où j'en profitai pour racheter des légumineuses, mais c'est une autre histoire.
![](http://sphotos.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash2/hs159.ash2/41289_430730382102_671732102_4693783_7978470_n.jpg)
Ainsi donc, une fois ma saumure faite, je rinçai mes gros filets et les installai délicatement dans un contenant de plastique, avant de verser la saumure dessus. Et là, immédiatement, je réalisai que je devais refaire une saumure, environ la moitié de la recette. Figurez-vous que la bête, dans ce contenant, n'était pas totalement immergée. Et comme il s'agit bien de tremper, et non de mariner, le poisson, je manquais littéralement de jus.
La deuxième portion de saumure versée sur mon futur mets, je mis la chose au frigo. Suite au jour 2.
Jour 2
Le jour 2 devait être la journée la plus facile: retirer le saumon de son contenant et l'étaler sur une plaque, sans le recouvrir, et le remettre au frigo. Facile, dites-vous? Ah. C'est que vous avez un frigo secondaire plus grand que le mien. J'ai du courber ma plaque tant et tant, que mon saumon a failli foutre le camp sur le plancher pas fini et tout plein de bran de scie. Mais heureusement, mes réflexes hors pair sauvèrent la mise. Et voilà, c'était parti pour le séchage.
Suite au jour 3.
Jour 3
Il y a de ces journées où tout commence de travers. D'abord, j'avais promis la veille à ma Mademoiselle C que nous irions déjeuner ensemble au resto, histoire de faire une
sortie de filles. Sauf que j'avais complètement oublié ladite promesse au petit matin, et j'étais en train de me faire de superbes oeufs bénédictines à la sauce hollandaise légère, lorsque l'invitée me rappela notre entente. Il était dix heures passées!
Resto, donc. J'étais un peu embêtée, ne pouvant mettre mon fumage à exécution, mais une promesse est une promesse. Pour la petite histoire, nous passâmes un beau moment, malgré le goût exécrable de mon omelette et de la rigosité excessive du chef, et j'en profitai pour refaire le plein de fraises, de framboises, de maïs, d'ognons espagnols et de pommes chez mon maraîcher.
À mon retour à la maison, le fiancé nettoya et alluma mon gros oeuf, avant de partir faire des courses avec mon Petit Ours. Je laissai l'oeuf monter jusqu'à 700, histoire de bien partir le tout, et j'entrepris de le baisser à 180-190. Ciel! Quelle aventure! Autant nous avons déjà eu de la difficulté à faire
monter la température, autant j'en ai eu à la faire
baisser. L'oeuf était en feu, il se déchainait et refusait de
ne pas chauffer. À la fin, les trappes d'aération étaient si fermées que j'en étouffai les braises!
Heureusement, le fiancé choisit ce moment pour arriver pour sauver la mise. Non pas que je n'eusse pu le faire moi-même, question compétences, mais question nerfs, j'en avais un peu marre. Disons qu'entre l'oeuf et moi, ça commençait à se détériorer. J'avais même mis une pellicule plastique sur mon saumon qui séchait, en me disant que je risquais de devoir attendre au lendemain. Mais nous réussîmes à faire descendre la température aux 180 degrés réglementaires, et à les maintenir. Nous ajoutâmes alors les bois d'aulne, qui trempaient depuis le matin.
Sauf qu'au lieu de mettre mon saumon à fumer vers midi, comme prévu, je l'y ai mis à... 16 h! Mais rassurez-vous: nous avions de bonnes bouteilles de vin, et l'attente ne fut pas trop pénible.
Enfin, à 10 h 30, je sortis ma bête de l'oeuf. L'odeur était tout simplement divine. Et le goût... Ah! incroyable!
Il ne s'agissait pas du saumon fumé à froid, presque cru, servi sur un bagel. Non. Un vrai saumon
fumé, lentement, lentement, qui goûte la fumée de bois. Mais il était tard, et mon appétit était presque à zéro. Petite bouchée pour gouter (même le fiancé a aimé), et je mis le tout au frigo.
Jour 4
Ah, le jour 4. Sublime, ce jour 4. C'est le jour où l'on
mange le saumon. Comme le dit le sage tout nu: ouvrez la bouche, mettez-y une bouchée, mastiquez et avalez.
Je n'avais plus d'oeufs pour me faire des bagels, aussi je me suis servi le tout sur un lit de salade... Mais voyez plutôt:
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZvJDI5Y9e8Q2Bi2CnMUfXf8DoPTJ_2SfTiuHbjf5P3IgTJ6hiZzKNEscxQJ0xQCOtTAJWOeeEeCJjkDb7EmAXC9t7QLum-M2HoHGu7xRFeNAfnfPh5XwacN4lF_BVu_m00b7VnZaHquk/s320/DSC_6308.JPG) |
Avant |
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjoxEZUqC4S7-TgKvZ_YYp3lCaMYydnm8FOca5vaUeqQ8EOzFY4HanXjeOq1UHe9G3LmJj9yDGceMvi9rmKDM-W20TtuJpLlw2oIZkRmZRn9fsRF8_pWN287PGr8UxigRivsoE_E_ZV5g/s320/DSC_6335.JPG) |
Après |
Ah, et savez-vous la meilleure? Le vin aidant, sans doute, j'avais mal refermé le gros oeuf vert. Et ce matin, il fumait encore, à 150 degrés! Et le plus beau, c'est que le charbon ne s'est pratiquement pas consommé! Ah, c'est merveilleux, la technologie ;-)